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Désormais paru au Journal Officiel, le décret (n°2022-32) visant à mieux lutter contre la "haine en ligne" impose de nouvelles obligations - de modération entre autres - aux plateformes hébergeant des contenus d'internautes tels que des commentaires. Concrètement, que vont changer ces nouvelles dispositions et pourront-elles avoir un impact sur votre gestion de la présence en ligne ? Haine en ligne, Arcom, pression sur les GAFAM... C'est le moment de faire le point.
La lutte contre les contenus haineux et illicites, qui passe par la modération, se précise. Rôle de l'ARCOM, durée de validité de l'application du texte, seuils : les contours apparaissent plus nettement et, avec eux, les possibles impacts sur la gestion des conversations en ligne.
Commençons par le commencement.
Ces dispositifs de lutte contre la haine en ligne (les "contenus en ligne haineux et illicites") ont vocation à laisser la place, une fois la transposition assurée en droit français, au Digital Services Act à l'échelle européenne. Véritable travail de création d'un environnement en ligne européen sans passe-droit, le texte permettra d'encadrer les très grands acteurs des internets et du web social (comprenez : les GAFAM) en garantissant la protection des utilisateurs.
Ainsi, le décret est appelé à devenir caduc une fois le DSA en vigueur, au plus tard le 31 décembre 2023.
Si le décret vise assez clairement les GAFAM, il se veut un minimum graduel et fait donc la différence entre des acteurs importants et des acteurs décrits comme "systémiques".
Comme l'explique clairement le communiqué du ministère de la Culture :
Les opérateurs dont l’audience dépasse un seuil de 10 millions de visiteurs uniques mensuels seront soumis à un socle d’obligations portant notamment sur la coopération avec les services répressifs, sur la mise en place de dispositifs de notification des contenus haineux illicites et de traitement de ces notifications, et sur la transparence concernant la modération de ces contenus.
Or, la "transparence concernant la modération de ces contenus" nous intéresse particulièrement. D'abord, parce qu'elle englobe largement tous les UGC, les contenus générés par les utilisateurs. Ensuite, parce qu'elle pose des questions pratiques. Comment va-t-elle se mettre en place ? Sur quels critères ? Nous y reviendrons.
Le texte prévoit un deuxième pallier de mesures. Destiné aux plateformes telles que les réseaux sociaux dominants et grands hébergeurs d'avis en ligne, il se veut plus structurant.
Ces acteurs disposent d'une taille reconnue comme "systémique". A ce titre, ils se verront appliquer une couche supplémentaire d'obligation, plus ciblée encore et plus volontariste. Concrètement, "ils devront évaluer les risques de dissémination de contenus haineux illicites sur leurs services et prendre des mesures pour lutter contre cette dissémination, tout en veillant à préserver la liberté d’expression".
Qui sera évidemment concerné ? TikTok, Facebook (avec Whatsapp et Instagram), Twitter, Google, Snapchat, LinkedIn, Twitch... Mais aussi Netflix, Amazon, CDiscount, AliBaba, Pinterest, Reddit ou Orange.
Et puis, il y a les moins évidents. Ceux qui l'on ne range pas parmi les plateformes. Et si l'on en croit le dernier rapport Médiamétrie la SNCF, Doctolib ou Solocal Group dépassent bien les 15 millions de visiteurs par mois. Au total, les 50 plus grands groupes identifiés par médiamétrie franchissent ce seuil.
Bien. Mais... Comment fixer le cadre d'évaluation et faire en sorte que chacun applique de manière harmonieuse ces principes ? C'est là qu'entre en scène l'ARCOM, nouvelle autorité de régulation.
L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, ou ARCOM, s'impose comme le nouvel acteur public de régulation. Né de la fusion entre le CSA et Hadopi, l'organisme se prépare donc à agir comme un "CSA des internets". Il permet ainsi à la puissance publique de s'appliquer sur un territoire jusqu'ici délicat, sans juste milieu entre action judiciaire et modération.
Et en ce qui concerne ce décret, c'est donc bien à l'ARCOM que revient le suivi, l'arbitrage... Et les éventuelles sanctions en cas d'abus des plateformes, qu'elles soient de streaming ou réseaux sociaux.
Ainsi, L'ARCOM peut mettre en demeure les sites de se conformer, sous peine de sanctions économiques. Et ces dernières peuvent s'élever jusqu'à "1% du chiffre d'affaires mondial total" des plateformes. De quoi inciter les GAFAM à revoir leurs dispositifs existants.
Concrètement ? Si les plateformes sont tenues à une meilleures régulation des contenus et conversations en ligne qu'elles hébergent, il n'est pas dit que les options offertes aux propriétaires de pages ou de comptes d'entreprises pour faciliter la modération des contenus ne s'en trouve modifiées.
Vous pourrez donc être concernés à deux titres :
Dans le deuxième cas, il vous faudra donc vous équiper en conséquence, comme maintenant. Et, pourquoi pas, externaliser la modération voire l'animation des espaces pour en tirer le meilleur parti.
En revanche, il se pourrait bien que certains profils se fassent plus rares dans vos espaces, à l'instar des trolls politiques, des faux-comptes de pression... voire des profils faisant l'apologie du terrorisme, comme on en croise hélas sur certains espaces. Ces éléments particulièrement sensibles, si l'on suit la logique juridique du décret, devraient se voir opposer le nouveau travail des plateformes pour lutter contre la haine en ligne.
Pour l'instant, les effets à attendre de ces nouvelles dispositions restent nécessairement flous. Il nous faudra attendre l'application des textes pour en juger. Et juger du traitement de la haine en ligne par l'ARCOM. Toutefois, comptez sur nous pour y veiller et, le cas échéant, vous faire part de modifications ou d'ajustements qui pourraient survenir dans les prochaines semaines.
En attendant... La modération aux deux niveaux que sont les plateformes et les comptes sociaux reste centrale dans la lutte contre la haine en ligne. Et pour vos espaces, rien ne vaut l'activité de modération que vous engagez pour protéger votre e-réputation : sur cet aspect-là, vos choix restent déterminants !
Les modérateurs en ont fait leur meilleure alliée. C'est en presque devenu leur bible. Oui, nous parlons bien de la charte de modération, ce document qui édicte les règles relatives aux conversations en ligne sur un lieu d’échanges comme les forums, les blogs et les réseaux sociaux. Mais concrètement, c’est quoi une charte de modération ? On vous explique ⬇️
En tant que document de référence, la charte de modération cadre les discussions d’un espace d’échanges en ligne. Elle justifie aussi bien l’acceptation de certains contenus que leur suppression, par exemple en cas d’avis en ligne injurieux ou de commentaires contraires à vos règles d’utilisation.
Elle permet aux utilisateurs d’un forum, d’une page Facebook ou d’un compte Instagram de prendre connaissance des termes et propos tolérés. Si un contenu (message, vidéo, image…) ne rentre pas dans les critères d’une charte de bonne conduite préalablement établie, ce dernier sera donc filtré par le modérateur du lieu d’échanges, forum ou réseau social.
Créer une charte de modération revient à cadrer les contenus publiés sur son forum, son blog ou sur son réseau social. Sans cette dernière, toute suppression de commentaires qui ne rentrerait pas dans le cadre d’une charte de modération clairement éditée serait injustifiée et pourrait surprendre les contributeurs… Pas forcément un bon moyen de fidéliser les lecteurs de son blog ou de son média en ligne par exemple.
Éditer une charte de modération revient également à protéger son image. Cela permet de pouvoir supprimer tout commentaire qui viendrait nuire à sa propre image, à l’image de son entreprise et même à l’image d’autrui. Il s'agit des CGU, ou Conditions Générales d'Utilisation.
La charte de modération permet aussi et surtout aux modérateurs de savoir ce qui peut être publié et ce qui peut être refusé. À savoir que, selon les préférences, un commentaire peut être publié a priori ou a posteriori, ce qui permet aux modérateurs de pouvoir prendre le temps de vérifier la conformité du fond et de la forme d’un commentaire. Nous en avions d’ailleurs parlé dans un précédent billet de blog.
La charte de modération est composée de plusieurs rubriques : les règles de publication d’un commentaire, les contenus non tolérés par l’espace d’échanges et les contenus illicites au vu de la loi.
Ces premières lignes ont pour but d’indiquer à ses utilisateurs comment publier un commentaire conforme à la charte de modération. Parmi ces règles, on peut notamment retrouver les conditions suivantes :
D’autres règles peuvent venir s’ajouter à cette liste non exhaustive. Tout dépend de l’objectif de votre charte de modération. Souhaitez-vous que votre lieu d’échanges soit ouvert à tous ou souhaitez-vous avoir un minimum d’autorité sur les contenus publiés ? Si oui, quels sont les types de commentaires que vous souhaitez laisser en public ? C’est en répondant à ces questions que vous pourrez établir une liste de règles et d’indications pour vos utilisateurs.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre propre charte de modération juste ici 😉
Pour réguler les échanges et garantir un lieu de discussion sain, des propos et thématiques peuvent ne pas être publiés s’ils ne s’inscrivent pas dans la charte de modération. Cela peut concerner par exemple la publicité, la publication de liens, les scams, les attaques directes envers un contributeur, la vulgarité, les insultes… La liste peut être plus ou moins longue selon le but de votre charte de modération. Par exemple voici la liste des contenus non tolérés sur notre blog :
Un contenu illicite est bien différent d’un contenu non toléré. La subtilité réside dans la légalité d’un propos. Voyons ça sous un autre angle : des propos ne peuvent être tenus aussi bien dans l’espace public que sur le web. Certains internautes ont malheureusement souvent tendance à l’oublier, mais on ne peut pas tout dire sur Internet. Voici une liste non-exhaustive des contenus illicites :
À savoir que certains de ces propos illicites sont supprimés par les modérateurs et signalés sur la plateforme du ministère de l’Intérieur Pharos.
Source : interieur.gouv.fr
Vous ne pourrez pas créer une bonne charte de modération si vous ne définissez pas un objectif à cette dernière. Souhaitez-vous protéger votre image ou l’image de votre entreprise ? Souhaitez-vous faire de votre espace d’échanges un lieu ouvert à tous types de propos légaux ou souhaitez-vous filtrer certains contenus ?
Nous pouvons vous aider à répondre à ces questions pour créer une charte de modération claire et explicite. En tant qu’acteur historique de la modération de contenus en ligne, nous avons eu l’occasion d’en pratiquer ou d’en créer plus d’une ! N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour que nous puissions vous accompagner dans votre stratégie de modération 😉
Modération, veille, community management, analyse et valorisation des conversations en ligne, extension du champ social media... Si ces sujets vous passionnent ou vous concernent directement, il y a fort à parier que vous trouverez de quoi vous contenter dans nos différentes émissions "Conv Call" sur Twitch. Besoin d'un replay ? Retrouvez les rediffusions et les meilleurs moments ici !
Twitch, sans aucun doute, permet de grandes choses. Mais, revers de la médaille, la plateforme ne nous autorise pas encore à garder nos émissions en replay au-delà de 15 jours après la diffusion. Bien sûr, Youtube nous permet de tout conserver mais quelques semaines voire quelques mois après une diffusion, comment tirer le meilleur parti de tous ces échanges, de toutes ces conversations en ligne et de toute la richesse induite par le chat Twitch ?
C'est là qu'un petit récap, que nous mettrons régulièrement à jour, s'impose. En partant du plus récent, retrouvez ci-dessous nos dernières diffusions et les temps forts associés.
💻 Quel rapport entre les réseaux sociaux et les jeux vidéos ?
🕹🎮 Quelles sont les opportunités offertes par ces deux mondes ?
🥽 Pourquoi l'avenir du #marketingdigital passera à coup sûr par la compréhension de ces phénomènes ?
🖥 Comment tirer le meilleur de ces nouvelles possibilités... Et des conversations que cela génère ?
C'était l'objet du stream du 21 juillet 2021 avec, en filigrane, les meilleures options pour intégrer pleinement le jeu vidéo dans une stratégie social media.
Avec :
◼ Robin Ferretti, consultant marketing et stratégie, GosuRabbit (agence spécialisée dans le marketing autour de l'univers du gaming).
◼ Steve Bonet, directeur conseil et communication, Atchik
◼ Valentin Grenier, chef de projet présence en ligne, Atchik
➡ Retrouvez Conv'Call #3 en rediffusion illimitée sur Youtube.
A retrouver sur Twitch :
📺 Le potentiel de Twitch et du marché des JV en quelques chiffres
📺 La modération et la veille en vrais révélateurs de la valeur de Twitch
Devenue incontournable dans le paysage des médias sociaux, l'appli TikTok a-t-elle évolué plus vite que l'image que l'on s'en fait ? Que représente-t-elle vraiment ? Quels sont les enjeux de son usage pour les professionnels du secteur ?
Avec :
◼ Jean-Christophe Gatuingt, co-fondateur de Visibrain (outil de veille des médias sociaux).
◼ Yann Bouvier (Yann Tout Court), prof d'Histoire et Tiktokeur à plusieurs centaines de milliers d'abonnés
◼ Steve Bonet, directeur conseil et communication, Atchik
◼ Valentin Grenier, chef de projet présence en ligne, Atchik
➡ Retrouvez Conv'Call #2 en rediffusion illimitée sur Youtube.
📺 Comment gagner des abonnés sur TikTok ? Les conseils de yanntoutcourt
📺 Modération sur TikTok : de nouvelles fonctionnalités
📺 Quelle place de TikTok dans la réputation des marques ? Exemple avec Le Creuset
📺 JC Gatuingt (Visibrain) sur les différents "axes de viralité" de TikTok
Pour cette première, nous avons échangé nos visions des liens entre la modération, le community management et la partie technique de nos activités.
Avec :
◼ Benjamin Pitorre, CTO, Atchik
◼ Mathieu Ouvrié, développeur full stack et ancien community manager, Atchik
◼ Steve Bonet, directeur conseil et communication, Atchik
◼ Valentin Grenier, chef de projet présence en ligne, Atchik
➡ Retrouvez Conv'Call #2 en rediffusion illimitée sur Youtube.
📺 Les conversations, le "parent pauvre" des stats natives des réseaux sociaux
📺 Comment assurer les besoins de suivi et d'analyse autour des conversations sur les réseaux sociaux ?
Et pour ne rien rater... N'hésitez pas à vous abonner directement à notre chaîne Twitch ainsi qu'à notre Hebdo du web social !
Steve
Que peuvent bien avoir en commun les réseaux sociaux et l'actualité ? C'est simple, ils ne s'arrêtent jamais. Mieux (ou pire, selon les points de vue) : ils s'alimentent mutuellement, l'un devenant le sujet de l'autre en permanence. Des médias aux médias sociaux, il existe une cohérence évidente que l'actualité du moment vient nous rappeler brutalement. Car après l'attentat, bien réel, contre Samuel Paty, puis avec le débat sur la haine en ligne, les équipes d'Atchik ont fait face à un afflux rarement vu de commentaires au cœur de l'actualité. Commentaires qui ont constitué, en eux-mêmes, un sujet d'actualité dans la foulée. Forts d'une position rare d'acteurs et d'observateurs privilégiés des phénomènes en ligne, nous avons voulu revenir sur cet épisode d'octobre 2020 si intense... Et loin d'être terminé.
Dans un mois d'octobre 2020 déjà marqué par la reprise de l'épidémie de Covid-19, la vraie séquence d'actualité a commencé avec l'attentat terroriste ayant coûté la vie à l'enseignant Samuel Paty. Comme lors des précédentes attaques, une vague d'indignations s'est rapidement répandue sur le web social, suivie, très rapidement, d'une récupération par les extrêmes. Et si, en politique, l'union nationale après de tels drames dure de moins en moins longtemps, la relative trève sur les réseaux sociaux avant la déferlante de haine en ligne s'amenuise elle aussi au fil des attentats.
Cette haine en ligne, en quelques jours, s'est même retrouvée au coeur du débat public. Avec une volonté affichée de réagir rapidement aux événements, l'exécutif et les responsables politiques ont porté le débat sur la question de la régulation des réseaux sociaux et des propos qui y étaient tenus. Lutte contre l'anonymat, nouvelles lois... Tout y est passé. Deux termes ont ainsi capté l'attention : les réseaux sociaux et leur modération.
Besoin de visualiser l'impact des dernières actualités sur l'activité de modération d'Atchik ? D'abord, le volume de commentaires à analyser a triplé depuis l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine. Ensuite, les conséquences directes ou indirectes avec, notamment, le débat sur la haine en ligne et surtout les appels au boycott des produits français, ont fait voler en éclat les standards habituels. Jugez plutôt :
Forts d'un rôle crucial dans l'exercice de la liberté d'expression et dans l'articulation du débat démocratique, les métiers techniques de la modération ou de la veille d'opinion méritent un éclairage, que l'actualité a ici permis. Nous avons par exemple ouvert nos portes à France 3 pour mettre en avant nos métiers et l'importance d'un arbitrage humain dans les tâches de modération, qui ne sauraient souffir d'une automatisation complète ou d'un service négligé. Cela nous a permis de rappeler le besoin de vigilance de tout un chacun contre la haine en ligne et l'importance de la plateforme Pharos dans le gestion des signalements, comme le rapporte franceinfo dans son reportage sur le travail de modération d'Atchik :
Après un début de semaine annonçant la couleur, une montée soudaine (voir ci-dessus) des contributions en ligne a mobilisé encore davantage nos équipes. Et si les modérateurs ont eu fort à faire, des nombreuses entreprises françaises ont dû évaluer les risques liés aux appels au boycott après les déclarations d'Emmanuel Macron quant aux caricatures et à la liberté d'Expression en France. Illustration parfaite d'une actualité très évolutive, les propos rapportés par la radio RTL le samedi 24 octobre anticipaient cette hausse sans toutefois en saisir pleinement la portée. Il a ainsi a été question d'islamophobie, de racisme et de xénophobie parmi les principaux messages constituant la haine en ligne à cet instant. Pourtant, indéniablement, les proportions et la teneur ont évolué dans la même journée.
C'est cette hausse soudaine qui explique, notamment, l'intervention de Brice Le Louvetel le samedi 24 au soir en direct sur CNEWS. Et si l'extrait diffusé sur les réseaux sociaux ne laisse entrevoir qu'un volet que l'on peut imaginer sécuritaire, le propos dans son intégralité porte sur la nature de la haine en ligne à cet instant et sur la surcharge de travail que ces réactions durant la semaine ont pu constituer pour une équipe de modération.
Le sujet du contrôle des contenus et de la participation accrue des réseaux sociaux à la modération de leurs contenus est revenu sur la table durant la semaine. Il a même été question d'un éventuel retour d'une loi Avia pour lutter contre les propos haineux. Pourtant, l'arsenal juridique existe déjà et des entreprises comme la nôtre agissent pour le compte de leurs clients afin de modérer leurs comptes sociaux. Chaque propriétaire de page Facebook, de compte Instagram ou encore LinkedIn reste en effet responsable des commentaires abrités sous ses posts. Or le problème se pose ailleurs, dans la responsabilité, voire la responsabilisation des réseaux sociaux entiers - Facebook, Twitter, TikTok et consorts.
Nous estimons néanmoins que pointer du doigt les réseaux sociaux et leurs commentaires dans leur globalité ne résout pas le problème, vue la diversité d'opinions qui s'y expriment. Donner davantage de pouvoir, notamment juridique, aux GAFAM ne ferait qu'accentuer l'effet pervers de la privatisation des pouvoirs régaliens, comme le rapporte l'article du Journal Toulousain sur la modération des contenus haineux. En revanche, il convient de s'attarder sur le véritable moteur de la haine en ligne : les bulles de filtre. C'est ce que nous avons exprimé au micro de France Bleu Occitanie dès le 20 octobre :
Cette période médiatique et social media si intense, qui est appelée à se prolonger avec l'annonce d'un nouveau confinement en France pour raisons sanitaires, a eu deux vertus. D'une part, la question de l'omnipotence des GAFAM a pu mener à une prise de conscience collective de la place des commentaires en ligne dans le débat démocratique. D'autre part, ces événements ont permis de faire la lumière sur le travail de modération qui, loin de se conformer à un exercice de censure, permet au contraire de laisser chacun s'exprimer en posant des règles qui protègent, justement, cette même pluralité d'opinions.
Si le modérateur est encore, trop souvent, caricaturé et décrié, nous n'en restons pas moins persuadés de son caractère indispensable. Par ses fonctions de détection, de compréhension des phénomènes et de régulation, la modération reste l'un des métiers les plus essentiels du web social. La modération opérée par les réseaux sociaux eux-mêmes reste une autre spécialité, toute aussi indispensable et plus difficile à appréhender, tant les enjeux sont importants. Et puisqu'il faut nommer les choses, rappelons-le pour conclure :"Les bulles de filtre sont le coeur du problème de la haine en ligne."
Si 2020 ne ressemble clairement à aucune autre année connue de l'un d'entre nous, une chose est sûre : elle fait déjà parler, beaucoup parler. Elle est même, d'ailleurs, faite de nombreux commentaires en tous genres, avec une explosion des conversations sur les médias sociaux. Et si de nombreux nostalgiques nous demandaient, régulièrement, une nouvelle édition du bingo des commentaires, ce début d'été pas comme les autres offre le contexte idéal pour se relancer. Envie de vous amuser tout en suivant les tendances lourdes du web social et des réseaux sociaux ? C'est parti !
Le principe est simple : sur l'image, sont répertoriés les termes les plus marquants de la période et que l'on retrouve en rotation très lourde dans les réactions et les posts du web social, tant dans les commentaires sous les articles de presse que sur Facebook, Twitter, LinkedIn, Twitch et tous les réseaux sociaux qui permettent d'évoquer l'actualité (même Tik Tok depuis peu !). Certains, comme "ok boomer", sont bien installés ; d'autres ont acquis un statut de symbole de la période ("Raoult, "chloroquine"). D'autres, encore, prennent leur sens dans le contexte : lire "violences policières" ou "deuxième vague" durant l'été 2020, revêt forcément un sens particulier, propre à l'époque.
Dans le détail, voici l'histoire qui se cache derrière chacun de ces termes.
L'expression star de 2019 s'est bien implantée dans les discours et les visions du monde, au point de connaître des déclinaisons : notons le "OK Raoult" qui compte double au Bingo par exemple 😅
La nouvelle "guerre des générations" entre les Y, appelés aussi Millenials, et les GenZ, tire forcément beaucoup de cet héritage OK boomer, qui ressort à chaque nouvelle sortie d'un intervenant du baby boom.
Là, ça va aller plus vite : tout le monde utilise à longueur de temps l'expression mais face à la complexité grandissante du monde, de ces enjeux et des informations qui circulent, soit on finit par se dire "de toute façon c'est n'importe quoi", soit on ne comprend absolument pas le sens de certaines déclarations ou actions. Ajoutez "crise sanitaire" et "masques" ou "élections municipales" pour vous imaginer directement dans ce type de conversations 😉
Et d'ailleurs, on vous en parlait il y a peu dans notre conversatiomètre :
On dirait un volet de Jurassic Park mais non, c'est notre monde... Vu depuis la période de confinement. Aujourd'hui bien installée pour définir notre époque depuis le mois de mai, c'est désormais presque davantage en running gag que l'expression est utilisée... Pour demander des comptes ou signaler des manquements dans nos sociétés.
Difficile d'échapper à cette référence... Et de ne pas la retrouver citée sur les réseaux sociaux ou dans les commentaires d'articles ! Une formule qui pourrait marquer les débats budgétaires durant plusieurs années est née avec cette déclaration.
C'est assez clair non ? 😷
Fonctionne aussi avec #BlackLivesMatter. Le mouvement d'une ampleur rare qui secoue encore la planète à l'heure actuelle montre véritablement à quel point "le monde d'avant" ne peut pas se maintenir en l'état. Evénement pivot de ce début d'année avec la crise du coronavirus, il donne l'impression d'avoir vécu trois années en un semestre... Aujourd'hui, le mouvement continue à faire réagir les entreprises, les politiques et les institutions tout autant que les citoyens... Et donc, les internautes.
Un véritable classique des échanges en ligne autour de l'actualité et particulièrement des faits divers. Tandis que davantage de justice sociale est réclamée, d'autres persistent à dresser des barrières et identifier les personnes par leur appartenance religieuse ou raciale. c'est ainsi que "toujours les mêmes" ou "encore les mêmes", à la faveur des faits divers et des mouvements de protestation, revient sur le devant de la scène. Un classique de l'expression de la haine en ligne lorsqu'elle se pare de sophistications... Et du bingo des commentaires, où ces expressions étaient déjà citées en 2014.
Voici un exemple parfait d'expression à double tranchant avec, d'un côté, les propos sincères... Et de l'autre, l'ironie qui souligne un "deux poids, deux mesures". Si cette dernière peut s'appliquer aux politiques et aux jugements de cour, elle vise en général davantage le "laxisme" envers certaines franges de la population et contribue elle aussi à véhiculer la haine en ligne.
Là encore, l'expression a rebondi au printemps, alors que "le droit" de se déplacer ou de pratiquer telle ou telle activité, en plus des mouvements sociétaux et de #blacklivesmatter, apportait un surplus de visibilité à cette formule.
Si en été, nous croisons habituellement les juilletistes... Il nous faudra compter cette année avec les Raoultiens. Rarement une personnalité médicale n'aura entraîné pareil cortège de fidèles et de followers sur les réseaux sociaux. Avec la "chloroquine", quasiment indissociable, ils représentent indiscutablement la plus grosse bulle médiatique et de commentaires en ligne de ces derniers mois en tant que sous-sujet de la crise sanitaire... Et en tant que sujet politique ?
Quelques chiffres pour prendre la mesure du phénomène digital en cours autour de @raoult_didier : en 3 jours d'existence, il a plus d'abonnés Twitter que des médecins habitués des JT télévisés, eux-mêmes présents sur le réseau depuis 10 ans ou plus. #chloroquine #COVID2019 pic.twitter.com/ZjvFZFNsUS
— Romain Pigenel (@Romain_Pigenel) March 27, 2020
Voici deux grands classiques du dénigrement par le sobriquet ayant retrouvé une seconde jeunesse à la faveur des résultats électoraux. Car la vague écologiste aux élections municipales, si elle a ravi de nombreux internautes, en a également braqué plus d'un. Nombreux sont ceux qui ont commenté la déferlante, arguments à l'appui ; nombreux également sont ceux qui ont dénigré par le surnom débilisant, forme étendue de l'argumentum ad personam que l'on retrouvait en général dans les discours extrémistes et qui, aujourd'hui, se diffuse par facilité en substitution aux arguments de fond.
Et là, on ne parle pas de la "vague verte" (voir juste au-dessus) mais bien ce ce que tout le monde craint faute de respecter les "gestes barrières" (voir encore plus au-dessus). Relisons ce passage en octobre pour lui apporter une autre perspective que, du haut de notre mois de juillet, nous espérons heureuse.
"Où sont les masques ?" "Qui va fabriquer les masques ?" et maintenant "Que va-t-on faire des masques ?". Porter, ne pas en porter, en avoir ou pas... Toutes ces problématiques continuent à ponctuer notre quotidien et à influencer nos perceptions. Bonus bingo : "c'était pareil avec les masques" pour signaler une défaillance politique ou une erreur de communication.
On ne vous fait pas un dessin : "travailler plus pour gagner plus" est passé à la postérité, "travailler plus" représente le dilemme post-confinement d'une économie globalement figée durant des semaines. A suivre.
Notre star, notre boussole, nos gars sûr... Ca reste "pauvre France". mais qui dit encore ça ? Presque tout le monde en fait, avec sa variante "pauvre monde". Un indémodable qui, aujourd'hui tout autant que lorsque nous avions soulevé la question en 2014, donne le tempo des réactions.
Bonus : "pauvre France, pauvre monde".
Fin, subtil, argumenté, il donne à sentir le respect pour le travail journalistique voué par certains internautes... Venant commenter les articles de ces mêmes médias, souvent sans les dire. Là encore, une valeur sûre des messages traités par un modérateur ou un chargé de veille !
L'expression star du mouvement des Gilets Jaunes a perduré pour désigner une chaîne acquise à la cause de la majorité présidentielle... Avec plus ou moins de véracité, elle ponctue encore largement les débats.
Justification ou accusation, on ne peut faire l'impasse sur ces termes qui restent très largement soit mis en avant, soit discutés pour décrire diverses réalités. Crise sanitaire, violences policières, liberté de la presse... De nombreux terrains favorisent les mentions du mot dictature.
AH BON ? VRAIMENT ?
Ca pourrait être le groupe de musique mais non, clairement... Ce n'est pas le sujet. Violences policières, égalité des sexes, justice sociale, procès politiques et autres sujets brûlants mettent la justice au centre des débats. Tout le temps. Et encore plus cette année, comme nous le constatons dans la modération des commentaires.
Un mot qui revient souvent et rappelle le vocabulaire des révolutions évoque forcément une tendance lourde. Ici, qu'il s'agisse du "privilège" des propriétaires de résidences secondaires durant le confinement ou du "privilège blanc" abordé à plusieurs reprises en juin, le mot connaît une rotation de plus en plus lourde dans les conversations en ligne. Un véritable marqueur.
Comme évoqué plus haut dans diverses entrées du bingo, le sujet cristallise depuis les Gilets Jaunes de nombreuses tensions et revient, aujourd'hui, sur le devant de la scène avec, en premier plan, les débats sur le racisme et la question de l'inclusion dans les sociétés occidentales.
C'est assez clair et en plus, on a largement eu l'occasion d'en parler à diverses occasions, notamment en matière de présence en ligne et d'e-réputation 😉
Celle-ci est assez drôle. Autant "tout le monde veut prendre sa place", autant "tout le monde aime les lasagnes", autant... Personne ne pourrait dire pourquoi tout le monde dit "tout le monde". Et pourtant, nous avions identifié des tendances lourdes d'augmentation des mentions de cette expression il y a quelques semaines.
Portrait d'une communauté de destin particulièrement homogène à la sortie du confinement :
Là, si vous êtes passés à côté de ça, vous n'avez pas touché aux internets ou simplement aux réseaux sociaux depuis plus de deux semaines... L'expression star de cet été, le nouveau "j'veux que tu mettes des paillettes dans ma vie Kévin", c'est clairement "la question elle est vite répondue". Le nouveau même sert à tout et a déjà - largement - envahi - les médias traditionnels. En illustration, une belle plongée du Parisien aux racines du phénomène.
Si jamais vous décidez de garder un oeil sur les réseaux sociaux et les espaces de commentaires cet été, au moins... Vous savez ce qui vous attend ! Et désormais, vous avez même de quoi jouer avec ces termes. Profitez bien et passez un bel été !