En 2018, malgré toutes les prophéties alarmistes lorsque tout le monde avait fake news à la bouche, les conversations en ligne n'ont finalement jamais eu autant de valeur. SEO, SMO, dynamique de communauté, retours clients... Il faudra bien plus d'un billet de blog pour lister tous les aspects qui font des conversations la véritable richesse du net contemporain. Pour la seule presse en ligne, l'importance de s'impliquer auprès de son lectorat mérite déjà, en soi, un article entier, alors que la défiance envers les médias traditionnels reste fortement ancrée. Pourquoi faut-il absolument que les rédactions se réapproprient les conversations ? Pour diverses raisons parfois éthiques, parfois techniques, souvent vitales. Explications.
Voici maintenant deux mois se tenaient les Assises du Journalisme, à Tours, avec pour réflexion centrale "un journalisme utile ?". Parmi les sujets évoqués, signalons en bonne place l'engagement éditorial, la monétisation des espaces ou la place des incubateurs médias, aux côtés du factchecking et de la lutte contre les fake news. Cette bataille titanesque à mener face aux phénomènes de façonnage de l'opinion en ligne tiraille les rédactions et les accapare, entre faits d'armes retentissants et efforts sisyphiens de défense des faits. Au rang des phrases les plus entendues, la plus fataliste a marqué les esprits : "la vérité est devenue une opinion comme une autre". Sans revenir ici sur la notion de vérité, en s'attachant simplement à l'importance, citoyenne comme économique, de défendre du côté des médias l'effort d'établissement ou de rétablissement des faits dans le traitement de l'actualité, une question n'a pas trouvé de réponse. Et c'est bien là que le bât blesse.
Cette question, la dernière du colloque "Un journalisme utile, un journalisme de certification" qui tournait autour de la vérification des faits, nous y tenions pourtant beaucoup.
Le factcheching est épuisant mais nécessaire, et ce travail des journalistes mérite d'être mis en valeur. Pour les fréquenter quotidiennement, on sait que les fake news transitent par les commentaires sur les sites et les réseaux sociaux : prévoyez-vous d'intervenir dans ces commentaires pour défendre les articles et lutter contre les intox à la racine ?
Pour être franc, il y eut bien une sorte de réponse, collégiale et diffuse. En substance :
- Alors non, à l'AFP nous n'avons pas de commentaires à gérer donc je ne sais pas trop... mais il me semble que le nombre de commentaires est en baisse et vu ce qui circule, c'est plutôt une bonne nouvelle [NDR : c'est faux puisque les sites se maintiennent et le trafic sur Facebook augmente globalement]. C'était à la mode de regarder les commentaires il y a trois ou quatre ans mais aujourd'hui, c'est peine perdue.
- Nous devons faire un effort de transparence et peut-être poursuivre la discussion mais les journalistes n'ont pas le temps et leur travail premier, c'est de produire l'information.
Si les propos ont été concentrés pour plus de clarté, tous les participants pourront attester de la teneur de la réponse. A tel point qu'un membre de la C.C.I.J.P. (Commission de la Carte d'Identité des Journalistes Professionnels) est venu me voir juste après pour partager sa déception. "Ils sont complètement coupés de la réalité". Une fois encore, nous ne jugerons pas de la vérité ou de la réalité mais en la matière, le terrain vital de l'opinion en ligne n'est que trop peu occupé. Quitte à prendre du temps pour rédiger un article de factchecking rigoureux, fastidieux mais salutaire, n'est-il pas essentiel de le défendre auprès des lecteurs, au niveau des lecteurs ? Car si un article expose des faits, on ne peut ignorer que l'impact des deux ou trois premiers commentaires sur la constitution de l'opinion des lecteurs est considérable.
En clair, en matière de réseaux sociaux, la presse en ligne peinerait-elle à intégrer les dimensions de "réseau" et de "social" ?
C'est en effet une impression globale consolidée, au fil de ces Assises, par les réponses lors de l'intervention sur "Un journalisme utile, un journalisme d'engagement". Et partagée par quelques observateurs. Certes, le dernier baromètre de la confiance dans les médias montre une réconciliation avec les canaux traditionnels ; certes, on peut entendre Noël Mamère lorsqu'il fait la démonstration de la futilité des réseaux sociaux ; mais que fait-on pour investir ces espaces au-delà du constat ? Qu'en est-il de la confiance dans les contenus issus des médias traditionnels une fois sur les réseaux sociaux ? De la résistance aux fausses informations ?
« Critiquez-nous, mais soyez heureux qu’on soit présent », @ThomasSotto à propos de la défiance envers les journalistes aux #AssisesDuJournalisme.
— Salomé Raoult (@SalomeRaoult) 16 mars 2018
En tant que journaliste, comment imaginer détourner le regard de Twitter ou Facebook parce que les échanges n'y sont pas d'une grande qualité ? N'est-ce pas là que sont les lecteurs ? N'est-ce pas là que le service après-vente de la rédaction doit se faire, pour accompagner les articles faits d'infos recoupées et vérifiées un peu plus haut que toutes les intox qui circulent ?
Aux #assisesdujournalisme ce matin, on a parlé #factchecking et initiatives de certification de l'information mais assez peu de la place des commentaires sur les sites et espaces de presse, là où les #FakeNews peuvent s'épanouir. Comment appréhender cette matière brute ? (1/3)
— Steve Bonet (@fractaleblog) 14 mars 2018
Aujourd'hui, de plus en plus de titres de presse intègrent les community managers à leurs rédaction ; pour la publication des posts sur les différents comptes, c'est parfait ; mais si personne n'interagit avec les internautes, on ne peut pas parler de "gestion de communauté" ni de dimension sociale des réseaux. Facebook, Twitter, Snapchat ou Instagram, dans leur fonctionnement intrinsèque, induisent tous à leur manière un échange, une appréciation, des interactions.
Les réseaux sociaux, dans leur dimension actuelle, ne donnent peut-être pas envie à des journalistes sous pression et découragés par l'affluence de messages haineux, diffamatoires ou relayant des intox ; face à ce ressenti n'oublions pas qu'un outil est avant tout ce que nous en faisons. Si l'on y voit un chantier plutôt qu'un champ de ruines, voici alors ce qui reste à construire :
- La presse locale a l'occasion de consolider son lien - ou de le renouer - avec son lectorat, en valorisant les contributeurs d'intérêt et les témoignages. elle peut, également, distiller de l'information personnalisée à ses lecteurs, presque sur demande, pour renforcer cette proximité.
- La presse nationale n'est pas en reste : dans la bataille de la pertinence, l'écoute du lectorat s'avère une arme précieuse pour tâter le pouls de l'opinion, rechercher de nouvelles sources d'articles et brosser Facebook dans le sens du poil en soignant les commentaires de qualité et les meaningful social interactions, nouvel eldorado du SMO Facebook.
Que demander de plus ? Une augmentation de la qualité des échanges peut-être ? Ca tombe bien :
- En répondant aux internautes, en interagissant avec les commentateurs les plus enrichissants ou en désamorçant les intox et rumeurs à la source, la qualité des échanges augmentera. Pourquoi ? Parce que, pour la même raison que les journalistes, les contributeurs en recherche d'une certaine qualité ont eux aussi déserté les espaces de discussion dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. En soignant ces interactions, on permet aux espaces de commentaires d'être à nouveau à l'image de la qualité rédactionnelle du titre de presse.
Oui mais, nous direz-vous, un community manager de presse ne peut pas être au four (les publications) et au moulin (les commentaires sur site et réseaux sociaux). En effet : et c'est pourquoi le rôle du modérateur, qui est avant tout un dénicheur de témoignages, de retours pertinents, de commentaires propices à relancer un article (et donc à augmenter le trafic vers le site...) est si important. Pas un modérateur qui ne fait qu'accepter/refuser ou une machine mais bien un expert des communautés en ligne, fin connaisseur des mouvements de langage et d'opinion sur le web social. C'est l'investissement nécessaire à la valorisation des échanges en ligne, véritable clé de l'image, de la crédibilité et de la visibilité du média.
Les réseaux sociaux sont des canaux de distribution. Pour un média, s’en detourner, c’est un peu comme si un journal n’était pas distribué en kiosque ou comme si une radio avait refusé d’être diffusée sur la bande FM dans les années 80... #assisesdujournalisme @AndreGattolin https://t.co/41YNY6hhff
— David Hivet (@DHivet) 14 mars 2018
Si le New York Times fait figure de référence dans sa gestion des commentaires dans le monde entier, ne sous-estimons pas la prise de conscience dans les groupes de presse, y compris régionale, un peu partout. Nous sommes très fiers de compter parmi nos clients la Nouvelle République qui, chaque jour, interagit avec ses lecteurs sur Facebook, ou encore la Provence, toujours à l'écoute des tendances d'opinion exprimées sur la vie locale et des témoignages d'internautes. La réponse est là, palpable : pour rendre son intérêt à une présence sur un réseau social, il faut... En respecter l'aspect réseau et le caractère social 😉
Bon anniversaire GeneraTweet ! Voici un an déjà que notre outil permet gratuitement d'insérer du contenu prêt-à-tweeter dans les articles et les billets de blog. Une innovation impulsée par le New York Times l'été dernier qui, lorsqu'on l'utilise, accroît grandement les possibilités d'interaction du texte.
Avec plus de 1 000 générations de contenu dans sa première année (1 041 pour être tout à fait précis), l'outil a apporté son lot de satisfactions à de nombreuses plateformes qui n'ont pas hésité à l'utiliser. Si les articles parus l'an dernier au moment de sa naissance, comme celui de My Community Manager, ont permis de le faire connaître, sa stabilité et sa simplicité d'utilisation ont convaincu de nombreux rédacteurs de l'adopter.
Un an et une refonte du design plus tard, le 4 avril dernier, l'heure est au premier bilan.
Il est clair que les utilisateurs du GeneraTweet sont des fidèles de l'outil ! Boulevard du Web ou Guillaume Dardier ont utilisé à plusieurs reprises des générations de contenu, de même que Publicis. Il est intéressant de constater, au fur et à mesure des usages, comment chacun s'approprie l'outil et utilise ses possibilités, de l'inclusion dans le corps de texte à la légende photo.
Derrière ce succès présent et, surtout, à venir, une statistique tout à fait parlante issue de l'expérience du New York Times en partenariat avec Twitter : les articles intégrant du contenu prêt-à-tweeter sont partagés 11 fois plus que les autres. De quoi convaincre plus d'un rédacteur d'enrichir son papier de ces petites lignes de texte dynamique ! Au final, GeneraTweet ajoute une nouvelle dimension à l'écriture web puisqu'il apporte au partage social ce que le lien hypertexte a apporté au web : une véritable interaction qui enrichit l'expérience de lecture et la connexion du texte aux médias sociaux.
C'est avec ce souci d'améliorer l'ergonomie et de répondre aux attentes des utilisateurs que se prépare la prochaine mouture de l'outil. Aurélie, développeuse chez Atchik Services, réfléchit actuellement à une évolution de l'outil : une nouvelle version de GeneraTweet est ainsi prévue dans le courant de l'automne. Pour l'instant, plusieurs pistes sont à l'étude pour faciliter encore un peu plus le partage et l'intégration.
En attendant, vos retours, vos questions et vos remarques sont les bienvenus pour contribuer à optimiser l'ensemble. Vous êtes utilisateur régulier ou occasionnel du GeneraTweet ? N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques !