Comme annoncé par une internaute ayant découvert la fonctionnalité et par plusieurs sites spécialisés ayant repris l’info, Twitter est en train de tester une fonction de modération des réponses à la suite d’un tweet.
Twitter is testing replies moderation. It lets you to hide replies under your tweets, while providing an option to show the hidden replies pic.twitter.com/dE19w4TLtp
— Jane Manchun Wong (@wongmjane) 28 février 2019
On l'imagine déjà, les possibilités d’application sont importantes et franchement inédites chez l'oiseau bleu, notamment pour les médias ou les personnalités les plus attaquées sur la toile... Pour une raison simple : il n'a jamais été question de cela sur la plateforme, qui en a même fait une part importante de son identité ! Les conséquences de ces changements doivent ainsi, à tous les niveaux, encore être évaluées :
- Quelle place pour le factchecking sur cette plateforme ?
- Cela n’est-il pas contraire à ce qui fait l’essence même de Twitter depuis le début ? Twitter ne joue-t-il pas gros sur cette évolution ?
- Les médias vont-ils pouvoir lutter plus facilement contre les fake news ?
- A l’inverse, n’est-ce pas plus difficile de contredire un homme politique ou un compte complotiste si les profils ont la capacité de gommer les critiques ?
Une volonté de contrer les différentes polémiques et désertions de Twitter ?
Le phénomène n'est pas nouveau, harcèlement, attaques en règle et flots d'insultes sur des comptes ciblés ont régulièrement lieu sur les réseaux sociaux... Et en premier lieu sur Twitter où seul le blocage faisait jusqu'ici office de rempart.
De nombreuses personnalités exposées, à l'instar de nombreuses victimes de la ligue du LOL de ou Xavier Dolan tout récemment, ont ainsi matérialisé leur volonté de quitter Twitter. L'infatigable décodeur du Monde Samuel Laurent, pourtant connu pour sa patience et son activité de lutte en ligne contre les fausses informations sur ce réseau, témoignait il y a quelques jours de sa lassitude à tenter d'endiguer des vagues de haine à la suite de ses tweets :
Donc retour au filtrage extrême des mentions et à la semi-pause en attendant une fermeture définitive de plus en plus probable. DM et page FB toujours ouverts pour l'instant.
— Samuel Laurent (@samuellaurent) 26 février 2019
(et merci de vos messages en DM, mais encore une fois je constate juste un état de fait : il n'est plus possible d'être sur ce réseau autrement qu'en prenant part à ce jeu stérile de polémiquettes, bashings et indignations en rond. Soit on est un personnage, soit une cible)
— Samuel Laurent (@samuellaurent) 26 février 2019
(Ca prend beaucoup trop de temps, d'énergie, ça abime mentalement. Tout ça gratos, pour distraire une communauté des twittos qui globalement s'en fout totalement, quand elle n'est pas ravie de taper avec tout le monde sur le même clou au moindre faux pas)
— Samuel Laurent (@samuellaurent) 26 février 2019
(Note : nous, on ne s'en fout pas et ce travail alimente autant notre activité de modération qu'il lui donne du poids pour nos analyses de tendances en ligne.)
Une modération pourrait-elle résoudre ces problèmes sans en créer de plus importants ? Il y a, en tout cas, fort à parier que cela ne permette pas de parvenir à une forme de "censure" de Twitter au global : il y aura, en effet, toujours une possibilité de mentionner une personnalité hors-discussion en fil/thread pour la contredire, voire largement de quoi débattre d'un tweet en le citant et en créant son propre fil. Il s'agit donc, tout simplement, d'une reprise en main de ses propres espaces mais pas à proprement parler d'une tentative d'installation de la censure.
Nous sommes convaincus que les usages à en tirer pourraient s’avérer globalement bénéfiques, à l’instar des possibilités de masquage ou de suppression sur Facebook avec, en prime, de sérieux atouts intrinsèques à Twitter qui permettront plus facilement qu’ailleurs de garantir l’expression du débat.Les effets restent à mesurer mais le potentiel en termes de sérénité de débats, de soin d'image et de réputation, de lutte contre la diffamation, le harcèlement et l'injure semble d'ores et déjà bien là !
Reste simplement à savoir si Twitter ira au bout de sa démarche. A suivre !