Vous l'aviez sans douté déjà remarqué, les grands réseaux sociaux sont bleus. Jusqu'ici, c'est presque à la couleur qu'on pouvait les reconnaître... LinkedIn, Twitter ou Tumblr sont de ceux qui s'identifient à leur couleur : et il existe bien un "bleu Facebook" sur le net. Or, tous les petits nouveaux des médias sociaux, Snapchat en tête, coupent avec cette tradition et arborent du jaune pétard, du noir et blanc ou du rouge qui tranche radicalement avec leurs aïeux. Pourquoi les petits bleus choisissent-ils des couleurs différentes ?
Si l'on veut correctement répondre à cette question, encore faut-il comprendre pourquoi les anciens, de MySpace à LinkedIn en passant par Skype ou Digg, se sont vêtus d'azur. Comme le suggère Djoann Fal, la réponse est assez simple : en Occident et assez largement dans le monde, le bleu est identifié comme étant la couleur de l'intellect, de la communication et donc des interactions que se proposent de créer et d'entretenir les médias sociaux. L'association usage / couleur suit donc une logique sémantique et culturelle implacable. Et pour être tout à fait certain que le bleu s'impose comme un choix indiscutable, il faut ajouter qu'il s'agit de la couleur la plus populaire au monde. Aucun doute, donc.
Mais alors, pourquoi changer ? Pinterest ou Instagram avaient déjà choisi de s'illustrer mais, jusque-là, c'était bien la moindre des choses que l'on pouvait attendre de services axés sur l'image. Le phénomène de nouveaux venus faisant dans l'originalité n'est pas marginal mais bien massif : la tendance, inconsciente ou non, veut que les derniers médias sociaux évitent le bleu. Snapchat est tout jaune ; Secret est noir et blanc ; WhatsApp donne dans le gris et vert ; l'icône de Badoo est orange et le petit nouveau dont tout le monde parle, Erodr, est franchement vert. Alors que le secteur d'intervention reste sensiblement le même, qu'est-ce qui change avec la couleur ?
Première différence : la cible
On peut s'y attendre, le but d'un nouvel arrivant est de ringardiser les anciens. Dans un secteur en perpétuelle évolution comme celui des réseaux sociaux, la bataille est féroce et la concurrence doit redoubler d'ingéniosité pour se faire une place au soleil dans un monde où les géants que sont Facebook ou Twitter font beaucoup d'ombre. Il faut donc se démarquer et attirer sa cible. Le bleu rassure ? Peut-être, mais les jeunes n'ont pas tant besoin d'être rassurés, en fait, ils veulent justement imposer leurs codes. Ce n'est pas un hasard si, aux Etats-Unis, Snapchat devance désormais Twitter : le service a été pensé pour eux, il est tout ce qu'il y a de plus fun et répond parfaitement aux besoins du moment. Secret et Whisper jouent la carte de la discrétion ? C'est normal, c'est précisément leur cœur d'activité. Les codes couleurs parlent toujours, c'est juste qu'ils ne souhaitent pas dire la même chose qu'avant.
Deuxième différence : l'internet mobile
Dans un internet désormais dépourvu de majuscule et subdivisé (oui, on peut donc dire "les internets", formule défendue ardemment par certains) sur plusieurs terminaux, il faut s'adapter. L'internet mobile est en constante progression, devenant le nouveau moteur de la création et du développement. Lorsqu'un service, qui était fondamentalement un site, était un onglet dans un navigateur, la couleur de fond importait pour l'identifier mais ne transparaissait pas dans l'onglet lui-même. Sur téléphone et tablette, un service est avant tout une application et il est plus difficile de se démarquer des autres icônes si tout le monde est bleu ! Il faut donc s'adapter et, plutôt que de reprendre les mêmes codes, tout faire pour se démarquer. L'interface tablette, c'est un peu la nouvelle jungle dans laquelle les animaux doivent se parer des couleurs les plus franches pour écraser la concurrence.
Au final, le bleu reste bien la couleur de la communication la plus large sur Internet, celle de l'icône du moteur de recherche de Google comme des mastodontes des réseaux sociaux. Simplement, elle n'est pas et n'a jamais été celle de l'originalité et de la nouveauté et c'est sur ces créneaux, justement, que comptent bien s’imposer les petits nouveaux. Vont-ils y parvenir ? Réponse sur vos téléphones et tablettes dans les prochains temps.