Mise à jour mars 2021 :
➡ notre article sur les stratégies socialmedia pour Whatsapp, Signal et Telegram
Si le grand public n'a connu WhatsApp que l'année dernière lors de son rachat par le géant Facebook pour la modique somme de 19 milliards de dollars, l'application de messagerie existe depuis 2009, et est actuellement utilisée par plus de 700 millions d'utilisateurs. Mais est-elle une simple messagerie ? WhatsApp va-t-elle devenir à l'instar de Snapchat un véritable media social vers lequel les marques pourront se tourner pour communiquer ?
Pas de pub, pas de jeux, pas de gadgets.
Créée par deux anciens employés de Yahoo, WhatsApp a pour ligne de conduite "Aucune pub, aucun jeu, aucun gadget!" Elle lui doit sans doute son succès, ainsi qu'à son mode d'utilisation simple. Pas besoin de remplir de formulaires ni de donner son adresse mail : la connexion se fait par le numéro de téléphone. A sa création, l'application servait simplement à indiquer à ses contacts où l'on se trouvait. De fil en aiguille, WhatsApp s'est transformée en messagerie pratiquement gratuite et surtout mondiale comblant le manque dans les pays où les forfaits SMS illimités sont rares ou inabordables, jusqu'à les remplacer presque complètement.
Aujourd'hui WhatsApp continue d'évoluer et de développer de nouvelles fonctionnalités, même si celles-ci ne sont pas pour l'instant à la hauteur de ce qu'on pouvait espérer. Les appels vocaux sont en train d'être implémentés, mais surtout le service est désormais accessible via le web avec Google Chrome. Des sites comme Buzzfeed ont ajouté à leur version mobile un bouton de partage WhatsApp, au même niveau que les autres boutons pour Twitter, ou Facebook. WhatsApp semble prendre le chemin des réseaux sociaux, comme sa collègue Snapchat l'a fait récemment.
L'expérience de Snapchat avec Discover
Snapchat, connue jusqu'à maintenant pour le partage privé de photos éphémères, a ajouté petit à petit des fonctions destinées à rendre certains contenus publics. Tout d'abord le partage avec plusieurs contacts, puis le partage public ou "Stories" qui ont été rapidement proposées à l'achat aux marques, et enfin il y a quelques semaines Discover. Cette nouvelle fonctionnalité met en avant des contenus de 11 media différents (dont CNN, MTV, Cosmopolitan...) proposant chaque jour des vidéos concernant des sujets d'actualités. Ainsi Madonna a lancé son nouvel album en diffusant le premier clip en exclusivité sur Snapchat.
Seulement Discover a été plutôt mal accueillie par les utilisateurs de Snapchat, qui regrettent d'une part que les contenus proposés soient exclusivement anglophones, et d'autre part le lot de bugs qui est arrivé en même temps que Discover, sans compter que certaines fonctionnalités prisées des "snapchatteurs", telles que le hiscore et le top 3, ont disparu dans la bataille. Autre frein que nous avons identifié : les annonceurs espèrent toucher une population plus jeune grâce à Snapchat, mais aucun critère précis n'est proposé pour le ciblage des publicités. Et c’est justement l’arrivée de la publicité qui risque de faire fuir cette population jeune, qui considérait jusqu'à présent Snapchat comme un espace libre.
Rester fidèle à sa devise ou vendre son âme au diable ?
Quel est l'avenir de WhatsApp ? En rachetant l'application, Facebook s'assure une base de données de plus de 700 millions de numéros de téléphones et qui en outre ne cesse d'augmenter, et prouve qu'il fait tout pour appliquer sa stratégie "Mobile first".
Mais comment concilier la devise de WhatsApp et sa monétisation ? Les apps de messagerie rivalisent de créativité pour faire du bénéfice. Messenger par exemple propose les "stickers", de grands émoticônes souvent sponsorisés par des marques en partenariat avec Facebook.
WeChat, numéro 1 en Chine et Line, son concurrent japonais, proposent des services de réservation de taxis, des jeux, ainsi que des stickers et des images payants. Kakaotalk offre même la possibilité de faire du transfert d'argent entre particuliers.
Tout cela serait possible sans doute, mais il faut garder à l'esprit que l'énorme avantage de WhatsApp est d'assurer une proximité avec l'utilisateur pour un coût quasi nul et sans besoin d’implémenter de contenu régulièrement. Pourquoi alors se priver de ce canal supplémentaire ? En Inde, certaines entreprises ne s'y sont pas trompées et utilisent d'ores et déjà l'appli pour communiquer avec leurs clients.
Quoi qu'il en soit WhatsApp doit se pencher sur la conquête des marchés américain et asiatique. Reste à savoir quels seront ses choix pour le futur en matière de publicité. En attendant, à nous d'être créatifs !