Synonyme d'opportunité et de casse-tête réglementaire, la période pré-électorale représente un temps fort de l'activité des professionnels de la communication politique. Qu'ils soient engagés auprès d'un candidat ou au service d'une administration, les communicants mettent alors en oeuvre des actions souvent inspirées des méthodes du marketing. Et, pour "vendre un candidat", l'innovation n'est pas toujours de mise, comme le prouvent ces quelques perles, entre racolage et bricolage...
Le "maire canon" ce summum de la #compol ... #Lyon #UMP pic.twitter.com/5yVNrtCJkI
— guy birenbaum (@guybirenbaum) 5 Janvier 2014
Mettre du LOL dans la politique, tout un programme. Fort du constat difficilement contestable du fossé qui s'est creusé entre les politiques et leurs administrés, les communicants sont à l’affût. Chaque nouveauté technique, graphique ou langagière est susceptible d'être mobilisée pour combler ce fossé, ou du moins se démarquer dans un secteur concurrentiel, bien que non marchand. En témoigne le compte Tumblr de l'Elysée qui, à défaut d'adopter la fraîcheur de ton de son homologue américain, a été largement commenté par la presse à son lancement.
Les élections municipales de 2014 ne font pas exception et de nombreux candidats cherchent à se démarquer par leurs promesses de campagne... et leur univers esthétique. On peut reprocher au web de formater le discours politique, mais il faut reconnaître à ses acteurs une qualité exemplaire : la réactivité. Le Tumblr "MunicipLOL 2014" sélectionne pour nous les visuels les plus croustillants.
Ceux qui fréquentent ce blog le savent, chez Atchik Services, on n'a rien contre une franche rigolade. Rions donc, chers amis. Mais le sujet de l'humour en communication politique mérite d'être traité avec... sérieux. Si le sentiment de peur est volontiers alimenté à l'approche des élections, l'ironie et le second degré peuvent également se révéler d'une efficacité redoutable. Les "Jeunes pop'" de l'UMP en savent quelque chose, eux qui ont publié fin 2011 sur un site au nom de domaine très à propos une parodie de la lettre aux Français adressée par François Hollande en une de Libération.
Cette action des jeunes militants UMP, saluée ou critiquée, a été très commentée en janvier 2012, à une période clé dans la campagne des présidentielles. Preuve de son impact, elle a même reçu de nombreuses réponses sur le web, dont celle-ci, là encore pleine d'ironie :
Coucou l'UMP on te fait des GROS bisoux http://t.co/vEdzUR1o
— Klaire fait Grr (@Klaire) 3 Janvier 2012
Revenons au cœur de notre questionnement : l'humour fait-il voter ? Pour Arnaud Mercier, professeur en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Lorraine, "dans la société française où la figure politique républicaine du dirigeant reste imprégnée d’une mythologie monarchique, l’humour et l’autodérision ne sont pas bien vus de tous." Maniés avec parcimonie, ils permettent néanmoins aux politiques de marquer des points précieux dans la conquête de l'opinion. Et, comme le montre ce visuel de campagne de 1995, l'ironie n'a pas attendu Twitter pour s'inviter dans le débat politique français.
Pour aller plus loin sur le sujet, on vous recommande cet excellent travail universitaire publié en 2009. Et pour ceux qui trouvent qu'on a traité le sujet avec un sérieux trop appuyé... voici de quoi vous faire quitter ce billet avec le sourire :